Alexandra Häberli
Michael Rampa
Paysage Prétexte
Stylisées ou réalistes, les œuvres d’Alexandra Häberli et de Michael Rampa contournent le concept classique du paysage par une réflexion autour de la couleur, de l’absence, de l’abstraction ou du volume.
Les peintures d’Alexandra Häberli s’organisent en surfaces qui se superposent et s’enchaînent, soutenues par des gammes de couleurs opaques ou transparentes. Des formes géométriques s’immiscent parmi les arrondis organiques, créant des ruptures aussi abruptes que des architectures bétonnées dans la nature. Outrepassant l’apparente abstraction des compositions, le regard retrouve invariablement l’image de paysages schématiques, où se succèderaient collines et champs cultivés. Et pourtant, tout dans ces œuvres reconduit à l’artificiel. Des teintes acides à l’absence de perspective, l’artiste centre sa recherche sur l’agencement de surfaces chromatiques. Des lambeaux de toile sortent parfois du contexte habituel du canevas, isolant des surfaces peintes qui viennent se greffer à même le mur. Ces fragments isolés ébauchent un premier pas vers la tridimensionnalité qui s’affirme par des sculptures, véritables peintures en volume, qui viennent ponctuer l’ensemble présenté en installation murale.
La peinture en tant que concept créateur est au centre de la recherche artistique de Michael Rampa. Sans exclure pour autant la réflexion et l’intellectualisation de l’action même de peindre. Bien au contraire, le geste et la matière picturale découlent naturellement de ce moment de gestation qui peut prendre du temps et engendrer des moments de silence entre une peinture et l’autre. Michael Rampa se revendique autodidacte, car loin du parcours académique classique, il a recherché dès le début à apprendre avant tout la technique de la peinture. C’est à partir du faire que naissent ses œuvres, un faire inféodé à une idée qui se dissipe peu à peu en cours de réalisation, pour finalement réapparaître. Du chaos primordial des touches posées sur la toile, en taches transparentes, naît la luxuriance de la végétation qui emprisonne le regard par un va-et-vient incessant entre figuration et abstraction. Des personnages s’y perdent aussi, au détour d’une branche, présences surréalistes dans cet univers végétal, ou encore silhouettes immatérielles. Le vide, fait d’espaces en réserve, occupe une place aussi importante que la couleur dans les tableaux de Michael Rampa, et la composition s’orchestre et se délite perpétuellement, fragile comme un souvenir, complexe comme la pensée.