Dessin de Sylvie Mermoud et Pierre Bonard, vue de l'exposition "Pas de deux"

Pierre Bonard
Sylvie Mermoud

Pas de deux

Finement ciselés, les étranges microcosmes de Sylvie Mermoud oscillent entre minéral, végétal et animal. Ils suggèrent aussi bien des particules invisibles que des univers entiers aux paysages lunaires. L’artiste les dessine en suspension, se suffisant à eux-mêmes, comme le suggèrent leurs structures centripètes dont la symétrie légèrement faussée laisse supposer une potentielle croissance. Plusieurs typologies reviennent dans ces séries d’œuvres. Le cocon embryonnaire fait de transparences laissant entrapercevoir un noyau en devenir; la forme tentaculaire et labyrinthique qui promène indéfiniment le regard à la façon d’un trompe-l’œil d’Escher; la forme organique parcourue d’un réseau de vaisseaux peinant à la contenir; ou encore les silhouettes montagneuses créant un enchaînement de reliefs qui semblent se dédoubler comme sur une surface réfléchissante. D’une esthétique venimeuse, les dessins de Sylvie Mermoud fascinent et inquiètent à la fois. Le chatoiement des teintes et l’harmonie des contours charment le regard qui risque de se laisser piéger dans ces circonvolutions sans issue.

Les dessins de Pierre Bonard sont autant de mystérieux aphorismes que l’artiste se divertit à nous poser en devinettes. Avec quelques éléments très simples, cailloux, morceaux de bois, fourrure, il compose des installations virtuelles qu’il sort de tout contexte, en les isolant sur le blanc du papier. Par la finesse du trait, l’artiste construit et décompose la matière, offrant robustesse aux poutres et transparence au rocher. Dans cette dernière série de dessins, deux thèmes se combinent et se superposent en de surprenantes déclinaisons, celui de la croix et celui du jeu «pierre, feuille ciseau», qui pourrait se remplacer ici par caillou, bois, fourrure. Tel l’alchimiste, Pierre Bonard jongle avec les matières et l’ambiguïté du dessin. Teinté de vert ou de bleu, le rocher devient glace ou même eau en suspension, tandis que la fourrure se transforme en tapis herbeux. Pierre Bonard joue avec nos sens y compris celui de l’humour, qu’il peut faire parfois grincer. D’une simplicité désarmante, ses œuvres n’en sont que plus complexes, car il nous livre peu d’indices pour les décortiquer, activant par ce faire l’imaginaire du spectateur qui ainsi peut se les approprier.
Comme dans un jeu de questions et réponses, Sylvie Mermoud et Pierre Bonard ont entamé une série à quatre mains. Les règles sont de n’intervenir qu’une fois sur le dessin de l’autre. Il en résulte des œuvres étonnantes par l’équilibre des deux langages qui, loin de s’annihiler, se mettent en exergue, s’amplifient, se complètent l’un l’autre, créant des dessins énigmatiques comme de précieux messages qui révèlent la complicité des deux artistes.

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